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Paperback writer Il se peut qu’à mes yeux, les personnages qui peuplent l’univers de l’égérie de la littérature underground américaine se doivent d’être plus morbides, décadents, d’explorer les limites de la perversion. Ce qui ne colle pas du tout avec mon image des Beatles, une Beatlemania de dessin animé à la Yellow Submarine, dont les héros apparaissent presque asexués… Impression forcément stéréotypée je l’admets, puisque je ne m’étais encore jamais passionnée pour leur histoire. Poppy ne peut que les connaître bien mieux que moi, et l’intérêt de sa vision subjective dépasse de loin la mienne. Voilà pourquoi c’est elle qui écrit et je me contente de la lire ! Pour le fun, essayez de reconstruire votre musicien hybride à partir des associations musicales ou visuelles que vous retiendrez du récit. Mon Seth Grealy personnel se démonte comme suit : quelque chose des spirales mentales de Syd Barrett, l’énergie destroy de Stiv Bator, une décadence blasée qui rappelle Michael Hutchence, une dégaine glam-rock sortie tout droit de Velvet Goldmine… Dessine-moi un Lennon… Plastic Jesus mérite toute votre attention : il s’agit d’une des premières escapades de Poppy Z. Brite vers un univers sans référence à l’horreur. Son prochain roman sur la Nouvelle-Orléans sera plus proche de La Conjuration des Imbéciles que d’ Entretiens avec un Vampire, encore un peu de patience avant le plaisir de la suivre dans cette direction qui sera, c’est plus qu’une intuition, intéressante. Aujourd’hui, Poppy aborde l’art et la manière de changer les mentalités en profondeur, raconte une histoire d’amour entre deux des hommes les plus célèbres de la planète, retrace et s’approprie la genèse du premier groupe à révolutionner les esprits de toute une génération. Et que choisit-elle de commettre ? L’impensable pour certains puristes Beatlesophiles, on peut compter sur Z. Brite pour dévoyer les garçons ! Ob-La-Di, Ob-La-Da, vous avez raison, il serait temps de pénétrer dans le récit. Tout commence par la fin, c’est à dire l’assassinat de Seth Grealy (numérologues, vous avez remarqué des similitudes avec John Lennon, non ?), co-fondateur des Kydds, sacrifié sur les marches du Dakota Building à New York, et qui abandonne ainsi son partenaire et amant Peyton Masters. Effondré, Peyton prend contact avec le psychiatre de Seth, et s’enfonce dans ses souvenirs, un magical mystery tour, depuis les gamins années 50 jusqu’aux idoles planétaires qui changèrent le monde. Se révèlent ainsi les fragilités, les abus, les tensions et l’humour des leaders du groupe, mais surtout l’inspiration et l’énergie insensées qui conduisaient des hordes de gamines à l’orgasme au moindre de leurs concerts. «Les hommes ne savent pas, mais les petites filles comprennent.» aurait conclu leur manager. Imagine quand même ! En la suivant dans ce rêve tordu, on se prend
à espérer qu’en effet, la société
aurait été meilleure si John et Paul avaient été
amants. L’exemple d’un coming-out aussi médiatique
dans les années 60 aurait peut-être «injecté
dans le monde une dose ultra-forte de tolérance» comme
elle le dit si bien. L’édition du Diable Vauvert offre
aussi quatre bonus non négligeables : tout d’abord,
des dessins originaux, crayonnés avec spontanéité
par Poppy Z. Brite illustrent la nouvelle. Visages expressifs, situations
détaillées, petit tableau des canaux d’Amsterdam
sous un ciel tournoyant à la Van Gogh… Plastic Jesus est
encadré par deux courts essais, «Le feriez-vous ?»
(premier texte écrit sur ce sujet, paru dans le recueil Coupable
du même éditeur), et «Oui, je le ferais.»,
qui précisent encore le fantasme à l’origine de
cette longue nouvelle. Enfin, une interview de l’auteur clôture
le livre, vous y trouverez quelques perles, par exemple un morceau écrit
par Poppy pour un ex, qui sonne vraiment plus comme Babes in Toyland
que comme All you need is love. |
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Poppy Z. Brite,
Plastic Jesus, traduit par Virginie Despentes, |
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