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Etre
insignifiant dans un monde inconsistant… A tel point qu’il
n’a même pas de nom. C’est vrai qu´à part
quelques pouffes sans panache, peu de gens l´appellent... Jeune
mâle parisien dévoré de fantasmes, il évolue
dans un monde peuplé d´inaccessibles Vénus calibre
110D, et observe au microscope de son angoisse les pores dilatées,
les poils disgracieux, l´haleine fétide et les fesses tombantes
de celles qui lui cèdent. Dès le départ, on sait tout de lui : branché de l’intérieur sur un solide appétit pour les coquillettes au salami achetées chez Ed, sur un vague intérêt pour les K7 porno, sur les débandades humides de la gaule rebelle, sur ses odeurs intimes… Bon gré mal gré, il vivote sans autre ambition qu´une survie précaire qui pourrait durer encore longtemps, si les roues du train-train quotidien ne quittaient brusquement le circuit de l´ordinaire. Le dérapage se produit sous l´impulsion de coups de fil anonymes. Puis, le tortionnaire apparaît: surgissant au bord de son champ de vision, le sourire narquois de l´homme à l´imperméable est partout, et la traque commence. Inéluctablement, le cadre de vie et l´état mental du sujet se dégradent : insomnie, crampes intestinales, angoisse, phobies, hallucinations, désespoir... Réceptacle perturbé dans les veines duquel la lecture vous injecte, cet anti-héros psychopathe est écrit sur mesure pour refléter le vide, tutoyer la folie, explorer ce que signifie la perte des repères humains. Il n’est pas, à priori, spécialement bien équipé pour faire face aux obsessions qui grouillent sur les lisières de l’inconscient, mais qui peut se targuer de l’être ? En déboulonnant les mécanismes de l´intégration sociale, l´auteur analyse sans complaisance l´existence contemporaine. Pour passer du statut de rouage bien lubrifié à celui de viande froide, il suffit parfois d´un état d´âme mal placé. Impossible de résister au germe schizophrène, à trop se frotter aux béances d´une réalité en décomposition, l´écho du doute contaminera même le plus solidement blindé des lecteurs. Calfeutrés avec le maniaque dans une puanteur terrible, entre les quatre murs de son appartement, vous chercherez ensemble la sortie mais quand les perspectives intérieures/extérieures se mélangent, le temps, l´espace et la société ne veulent plus rien dire. Rien ne peut vous rattraper... Sauf peut-être la Némésis en trench-coat qui vous a précipité dans la paranoïa, le néant ou la lucidité. Dans un phrasé clinique qui est sa signature, Eric Bénier-Bürckel dissèque cette tumeur endémique à l´espèce humaine qu’est le cerveau et recueille les humeurs violentes qui s´en écoulent dès qu´il s´écarte des codes du troupeau. Stig Legrand 2002 |
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Eric Bénier-Bürckel , Maniac, Flammarion, 2002, 342 p. |
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