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Bas les masques hydratants Et un beau jour, sur l’autoroute, un «accident» lui arrache tout le bas du visage. Voici une Barbie salement abîmée, reliée aux promesses douteuses de sa vie future par le goutte à goutte de morphine. Ce qu’elle avait, elle ne l’a plus, elle ne l’aura plus jamais. Cette beauté, qui était son pouvoir comme l’argent ou une arme peuvent l’être. Alors qui est-elle maintenant ? Les derniers flash qui la mitraillent sont ceux de la police. S’en est fini de sa carrière, et pour couronner le tout, Manus révèle une urgente vocation d’ex. Désormais, elle n’inspire plus que dégoût ou parfois pitié. Invisible parce que tellement hideuse, incapable d’exprimer son horreur, pire que mutilée, elle se terre à l’hôpital où l’absolu inattendu va croiser son chemin sous les traits de la diva des drag queens : son Altesse Brandy Alexander. Better living through chemistry Plus femme que femme, la princesse Alexander traverse avec un charme déterminé la dernière année la séparant encore d’une vaginoplastie de luxe qui parachèvera ce chef d’œuvre de la chirurgie esthétique. Reine de l’artifice, c’est pourtant dans ses bras que se réfugie notre pauvre gueule cassée du mannequinat américain. De ses énormes paluches couvertes de bagues, la Suprême Brandy camoufle sous des voiles les larmes de la polytraumatisée (du mental ou du physique, lequel est le plus atteint ?), la serre avec délicatesse contre ses deux missiles mammaires et l’entraîne vers d’autres possibles, à bord d’une voiture de location conduite par son consort : Seth alias Signore Alfa Romeo. Changeant d’identité au gré de leur fantaisie, les trois protagonistes laissent dans leur sillage des flacons vidés, des tiroirs retournés, débarrassés de leurs meilleurs produits de maquillage. Leur méthode est aussi risquée qu’imparable : se faisant passer pour de riches clients potentiels, ils leurrent nombre d’agents immobiliers qui leur ouvrent les portes de palaces à leur catalogue. Où trouver meilleure source d’approvisionnement en estrogènes, antidépresseurs, patchs hormonaux et lignes cosmétiques de qualité que dans les salles de bain kitschissimes d’américaines vieillissantes ? Ainsi, l’ex-star du TéléAchat fraîchement rebaptisée «Miss Daisy St Patience» dépose Valium après Quaalude entre les lèvres couleur Myrtille Brûlante de la déesse Brandy Alexander tout en s’inventant une nouvelle histoire. Crise d’identité sous stroboscope Mais tout serait
trop simple si le feuilleton en restait là. Vous avez sous les
yeux le troisième ouvrage du Palahniuk de Fight Club ne l’oubliez
pas. Et le message sera encore une fois renversant. Retournements vicieux,
obsessions récurrentes, liens improbables, tout au long du livre,
les personnages se déroulent toujours plus, découvrant
des ressorts essentiels bien difficiles à imaginer. |
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Chuck Palahniuk, «Invisible Monsters», W. W. Norton, 1999, 297 p. |
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