Héros de la Cybernation
 
Navigation 6/6

Rudy Rucker   « Culture jamming »

Dans les années 90, la cybernation développe ses propres médias alternatifs. Co-fondé par le génial agitateur R.U. Sirius, le magazine Mondo 2000 se consacre aux technologies révolutionnaires à l’usage non seulement des pirates informatiques mais surtout des simples créateurs. «Devant le déferlement de tendances, de contre-culture, j’ai toujours voulu capter l’essence du moment… » précise R.U. Sirius. Pratique, car la cybernation surfe justement au seuil du futur ! La station mentale pirate accueille les articles les plus innovants dans les domaines de l’art, des médias, des technologies, de la chimie, des sciences, de la musique. Le lecteur idéal est perçu comme quelqu’un d’aussi intelligent et instruit que possible, avec une ouverture d’esprit aux expériences.


C’est aussi à cette époque que des collectifs comme Adbusters ou Immediast livrent au public leurs réalisations de décodage de la publicité ou des médias. En 1996, Richard Metzger, directeur créatif du site Disinfo.org va encore plus loin en utilisant un budget du géant de la communication TCI pour sponsoriser ce site dédié à la promotion de la rébellion sociale. Il suffisait d’oser. Internet crée les conditions pour donner la parole aux citoyens des pays industrialisés sur la planète, ce qui diminue la répression des idées nouvelles. Des perspectives extraordinaires ont une chance d’être intégrées à la civilisation. Comme le signale John Perry Barlow de l’Electronic Frontier Fondation, «L’écologie de la pensée s’est beaucoup diversifiée.» Il y a moins de barrages à la publication d’idées subversives.

Le système d’exploitation (!) de la culture conventionnelle pille l’attitude l’underground pour en extraire les nouveautés. Quand MTV, Levis’, GAP, et même Apple s’approprient le langage, les images de la rébellion pour nous faire «consommer différent», peut-on considérer que la société en est influencée ? «Une idée de la contre-culture dure environ 6 minutes avant d’être ingérée par la culture marketing» observe Douglas Rushkoff. Si les discours de l’underground et des sociétés commerciales se ressemblent de plus en plus dans la forme, il faudrait être crétin pour ne pas remarquer les divergences de fond.

« The end of history »

«Nous sommes en train d’assister à la dissipation de la réalité consensuelle.» conclut R.U. Sirius. Le temps linéaire et l’histoire sont devenus obsolètes. Le cyberespace permet une vision globale, libérée du carcan d’une autorité centralisée. «Avec le cut-up littéraire, la conceptualisation de l’art, et même la chirurgie esthétique, tout est maintenant malléable, tout peut être différent et surprendre.» note Genesis P-Orridge. J’ajouterai les technologies de manipulation génétique à sa liste, pour peu que la rue s’en empare et la détourne. Nous irions certainement vers un joyeux foutoir, mais on peut et on doit rêver !

Comme John Perry Barlow, je préfère appartenir au parti de l’avenir qu’à celui du passé. Les visionnaires de la cybernation sont optimistes de nature, et c’est bien plus amusant que le pessimisme de rigueur. Pour une mutation durable, encouragez l’intelligence, pensez par vous-même et remettez l’autorité en cause. Dans le meilleur des cas, nous nous dirigerons vers une société capable de tolérer le chaos et même d’en jouir. Chaque instant est un tournant de l’évolution, il suffit d’en être conscient et de faire jouer votre imprévisibilité.


Stig Legrand 2002

Electronic Frontier Fondation
Timothy Leary Home on the Web
La tangente de Robert Anton Wilson
Hyperreal Archive
The Vaults of Erowid
Next-New-Way-On Genesis P-Orridge
Thee Temple ov Psychic Youth
Le site de Douglas Rushkoff
La home page de Rudy Rucker
Qu’est devenu Mondo 2000 ?
Articles archivés de Mondo 2000
Raves australiennes Earthcore
Canal Jimmy

Kevin Alexander, Rebels «A Journey Underground », 1998, diffusé par Canal Jimmy en mai 2002

 Voir l'article sur L'Idéaliste
 
 
Navigation 6/6