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L’équipe
de nuit est composée en majorité de femmes au foyer, dont
les faibles revenus les contraignent à travailler à temps
partiel. Ces horaires peu compatibles avec une vie de famille, la fatigue
et le stress sont autant de facteurs qui les ont peu à peu aliénées
du rythme et des préoccupations des êtres diurnes. Elles ne se ressemblent pas. Il y
a Kuniko, célibataire complexée et superficielle qui moule
ses formes bovines dans des tenues griffées qu’elle ne peut
se permettre. Il y a Yoshie, doublement épuisée par la belle-mère
invalide et incontinente dont elle s’occupe pendant la journée,
et ses filles adolescentes. Il y a Yayoi, la jeune mère au visage
sans défaut mais qui cache sous son T-shirt un hématome
au plexus, laissé par son mari. Enfin, il y a la charismatique
Masako, étrangère dans sa propre maison entre un mari et
un fils qui ne lui adressent pas la parole. Elles ont en commun les dettes,
les ennuis et le mal de dos irrépressible qui se fait sentir après
la première heure d’emballage de repas au curry. Et finalement, Yayoi craque un soir
chez elle. Dans un accès de rage, elle étrangle avec sa
propre ceinture son mari infidèle et joueur. Paniquée, elle
appelle Masako qui décide de l’aider à se débarrasser
du corps. C’est Masako, fiable et si étrange, qui prend tout
en charge et enrôle Yoshie, puis Kuniko pour s’acquitter de
la morbide mission de découpage du cadavre. Mais la police se laissera-t-elle
prendre à leur subterfuge quand les morceaux seront découverts
? Et lorsqu’un yakuza ultra-violent s’intéresse à
leur cas, comment pourront-elles échapper à leur sort ? Réaliste, rapide, direct, le style de Natsuo Kirino illumine au néon blafard ce thriller qui tord le cou à bon nombre de clichés sur les femmes Japonaises. Murs gris des entrepôts Tokyoïtes, terrains vagues et banlieue industrielle, cercles de jeux clandestins et maisons de passe, le décor est idéal pour explorer la psychologie de personnages féminins victimes des circonstances mais déterminées à survivre. C’est un roman sans concessions, susceptible de choquer, mais qu’on ne peut s’empêcher de dévorer pour en savourer les obsessions, jusqu’à la conclusion paroxystique, où sexe et mort se rejoignent. Déjà récompensée
par plusieurs prix littéraires au Japon où son best-seller
OUT a été adapté au cinéma, Natsuo Kirino
est traduite pour la première fois en anglais. |
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Natsuo Kirino,
« OUT », traduction Stephen Snyder, |
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